mercredi 6 avril 2011

Ouverture du Portail européen des archives

La page d'accueil du portail
Encore en version bêta, le Portail européen des archives (projet Archives Portal Europe) vient d'être mis en ligne depuis quelques jours. Ce site, encore en rodage (il est d'ailleurs baptisé prototype), est l'un des premiers jalons posés par les partenaires du projet APEnet (réseau Archives Portal Europe) soutenu par la Commission européenne dans le cadre du programme eContentplus. Le consortium du projet se compose actuellement de quatorze services d'archives nationales et/ou d'administrations centrales des archives. 

Il s'agit grosso-modo de faire comme Européana, mais pour les archives. J'avoue n'avoir découvert le projet que depuis quelques jours, n'en ayant jamais entendu parler avant. Je ne crois pas que ce lancement ait d'ailleurs été couvert à sa juste valeur, je lui rends donc ici hommage (modestement). Le portail se laisse jusqu’au début de l'année 2012 pour s'améliorer, et force est de constater qu'il y a encore du boulot. Sur le fond comme sur la forme. 
Sur le fond, il faut que d'avantage d'institutions joignent le projet pour créer un véritable portail européen et citoyen sur les archives en lignes. A titre d'exemple, il n'y a pour la France qu'un seul service d'archives engagé dans l'aventure : les AD de la Manche (50) (il faut dire que ce centre d'archives a une politique très volontariste dans le domaine numérique, avec la mise en ligne des inventaires, des documents numérisés et une forte présence sur les réseaux sociaux).
Sur la forme, j'ai trouvé le moteur de recherche assez mauvais, malgré ses possibilités de recherches par pays et la présentation des résultats un peu brouillonne. Le premier niveau classe les services d'archives par pays. Le deuxième niveau est celui des guides des fonds. Chaque service possède le sien, qui offre une vue d'ensemble des collections conservées, avec une notice pour chaque collection. À partir de ces notices générales, on peut accéder au troisième niveau, celui des inventaires détaillés. Les inventaires, ou instruments de recherche, décrivent de façon hiérarchique et structurée les documents d'archives, incluant des liens vers les documents numérisés disponibles sur les sites internet des services d'archives participant.

J'espère en tout cas que le projet va suivre son cours et s'épanouir, à l'instar d'Européana, qui vient tout juste d'ouvir son blog.

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Merci de vos encouragements ! Responsable de l'intégration des contenus, la France est largement impliquée dans ce portail.
    Puisque l'on peut commenter ici, j'en profite.
    Une petite précision : il ne s'agit pas de faire l'Europeana des archives. En effet, Europeana ne vise que les "objets numériques", soit, pour les archives, les documents numérisés. Autant dire, rien... même si les services d'archives, en France, sont très avancés et dynamiques en matière de numérisation, la partie numérisée des archives n'est même pas équivalente à la partie émergée de l'iceberg. Dans le portail européen des archives, vous trouvez donc, avant tout, les instruments de recherche donnant accès aux archives. Si elles sont numérisées, tant mieux, si elles ne le sont pas, tant pis ! Mais nous sommes liés à Europeana et, à terme, nous leur fournirons via OAI-PMH les données archives qui les intéresse et que les participants veulent leur transmettre.
    Sur le nombre de participants : nous sommes limités par la convention signée avec la Commission européenne qui finance le projet aux participants originaux. Nous espérons, dès la fin de ce premier projet, ouvrir largement le portail à toute institution qui le voudrait, et serait en mesure de le faire d'un point de vue archivistico-technique. En effet, intégrer les données de 15 pays différents relève un peu de la gageure. Nous avons donc décidé d'harmoniser l'ensemble.
    Pour faire simple, nous avons développé un profil EAD spécifique, écrit le schéma XML-EAD correspondant afin de pouvoir "aligner" les données issues des différents pays dans le portail et les rendre interrogeables plus facilement. Enfin, nous fournissons, en ligne, les outils permettant la préparation des données : validation et conversion automatique des fichiers pour les plus importants. Vous pouvez voir tout ça sur le site du projet www.apenet.eu (à propos / développements).

    La présentation est un peu brouillonne, c'est vrai. Très très vrai, horriblement vrai... Vous appuyez franchement où ça fait mal...
    Mais réjouissez-vous : l'affichage actuel des résultats est provisoire.
    L'idée principale qui demeurera est d'offrir deux types de résultats : le premier, très classique dans le monde des archives, et que vous décrivez parfaitement, est hiérarchique, et part du pays pour aller, de clic en clic, jusqu'au document d'archives numérisé, quand il existe. Le second, très classique aussi mais ailleurs que dans les archives, et qui est le mode d'affichage par défaut des résultats, est une liste à plat, classée par pertinence, et pourvue de filtre affichés sur la gauche qui permettent d'affiner les résultats de recherche.

    Quant au moteur de recherche, c'est un vaste débat ! Pourriez-vous préciser en quoi vous le trouvez mauvais ? Cela nous intéresse vivement. Il y a des choses qui ne vont pas, mais que, immodestement, je pense que vous ne pouvez pas voir et que nous travaillons actuellement à résoudre en arrière-plan. J'avais jusque-là la faiblesse de penser que le moteur de recherche proprement dit était la partie la plus intéressante de notre portail !

    Lucile Grand
    Archives de France
    pour l'équipe projet d'APEnet

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  2. Bonjour Lucile,

    Merci d'avoir pris le temps de répondre (et de fort belle manière) à ce modeste billet. Merci également pour toutes ces précisions sur la différence entre le projet Européana et le Portail Européen des archives. Je lisais d’ailleurs hier le rapport Quénet sur les archives en France (http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/04.08_Rapport_de_Maurice_QUENET.pdf) où l’auteur appelle de ses vœux le développement de ce portail par l’intégration massive de contenus issus des centres d’archives français. Une excellente nouvelle pour le développement de ce portail !

    Pour la présentation des résultats, je me réjouis d’apprendre qu’elle n’est que provisoire, car c’est loin d’être ergonomique dans la configuration actuelle.

    Pour le moteur de recherches, deux choses. Le soir où je l’ai testé, il était affreusement lent (le portail devant être victime de son succès), ce qui ne joue pas en sa faveur. Ensuite, pour le tester, j’ai utilisé une méthodologie toute personnelle dont je ne sais pas trop ce qu’elle vaut, puisque je ne connais pas l'étendue des versements dans le portail. Je suis allé sur le site des AD de la Manche pour regarder un peu ce qu’ils avaient en ligne. J’ai ensuite sélectionné deux noms de communes au hasard que j’ai rentré dans le moteur de recherche du site des AD, pour voir s’ils retournait des résultats significatifs (ce qui était le cas), pour ensuite les coller dans celui du Portail Européen des archives. Là, les résultats étaient non seulement présentés différemment mais en plus peu significatifs.
    Malheureusement, je ne me souviens plus à l’heure actuelle des noms des communes, ce qui fait que je ne peux pas reproduire le test dans des conditions identiques. Suite à votre réponse, j’ai néanmoins retenté un test, pour voir si mes affirmations sur la pertinence du moteur de recherche n’étaient pas erronées. Je suis retourné sur le site des AD, j’ai repris un nom de commune au hasard (Amigny). Et voici le résultat des tests.

    Voici les résultats bruts affichés par les deux moteurs :

    Résultats Manche

    résultats portail

    Puis la même page affichée aux deux endroits différents :

    Résultats Manche

    Résultats Portail

    La présentation est moins sexy, les fonctionnalités moindres, mais, surtout, il manque quand même énormément de résultats concernant la commune, et notamment les liens vers tous les documents numérisés.

    Enfin, je met permet d'ajouter que pour le référencement, vous devriez ajouter des méta-tags car ces métadonnées sont utilisées par les moteurs de recherche lors du référencement de la page web. En affichant le code source de la page (Ctrl+U) on voit que les informations relatives au site sont assez pauvre et nécessiteraient d'être plus complètes.

    J'espère vous avoir été utile, et j'espère que le portail sera totalement fonctionnel d'ici 2012, c'est un formidable moyen de promotion des archives, mais également d'une citoyenneté européenne. Si vous avez besoin de bêta testeurs, je me ferai un plaisir de vous aider, vous n'avez qu'à prendre contact via

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  3. ce courriel bonnet[point]timothee[@]gmail[point]com

    (mon dieu, on ne peut pas éditer ses commentaires sur le blog, c'est assez problématique).

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  4. Bonjour, êtes-vous au courant du projet de loi européen qui supprime à terme les archives? Voir à la page
    http://www.change.org/EUdataP

    "La suppression ou l'anonymisation des données personnelles, souhaitée dans le cadre du droit à l'oubli (cf. rapport Albrecht), privera les citoyens d'une part de leur mémoire et de l'accès aux informations les concernant.

    Les amendements proposés (cf. particulièrement ceux pour l'article n°83) vont dans le sens d'un renforcement des tendances annoncées : la conservation des données personnelles à des fins historiques ou autres a disparu de la quasi-totalité des articles où elle apparaissait, ou est étroitement contrôlée (obligation de justifier la conservation).



    Lien vers le rapport Albrecht de janvier 2013: http://www.archivistes.org/IMG/pdf/201301_rapport_albrecht.pdf



    Article de Guillaume de Morant paru dans La Revue française de Généalogie n° 205 (avril-mai 2013):
    http://www.archivistes.org/IMG/pdf/coulisses_des_archives_rfg_205.pdf

    et texte de la pétition : Pétition adressée à :
    Parlementaires européens
    Pour éviter que de grands opérateurs privés du web (Google, Facebook etc.) puissent conserver et utiliser des données personnelles, la Commission européenne et le Parlement européen se préparent à adopter, pour le printemps 2013, une solution radicale : un règlement qui obligera tous les organismes publics et privés à détruire ou à anonymiser ces données une fois que le traitement pour lequel elles auront été collectées sera achevé, ou passé un court délai. La commission veut ainsi assurer aux Européens un droit à l’oubli qui garantirait le respect de leur vie privée.
    Ce règlement portera sur les données personnelles sur toutes leurs formes, informatiques ou papier. Il s’appliquera immédiatement et s’imposera aux législations nationales déjà en place.
    Vous avez fini vos études ? L’école ou l’université éliminera votre dossier. Vous avez vendu un bien immobilier ? Les services du cadastre détruiront les traces de votre propriété. Vous n’êtes plus employé par votre entreprise ? Celle-ci supprimera les informations vous concernant. A chacun de veiller sur ses propres données, ne comptez plus sur les services publics ou sur votre employeur !
    S’il est évident que la réutilisation des informations personnelles à l’insu des citoyens et à des fins commerciales, qui est largement facilitée par les techniques informatiques, doit être combattue par tous les moyens, la destruction systématique de ces données ou leur anonymisation pour éviter des dérives revient en revanche à jeter le bébé avec l’eau du bain. Comme si, plutôt que de renforcer la conservation sécurisée de notre patrimoine et l’accès à celui-ci dans des conditions respectueuses des libertés individuelles, l’Europe, pour notre bien, nous imposait une amnésie collective.
    Collecter et conserver des données individuelles à des fins patrimoniales ou juridiques au delà des stricts besoins qui ont présidé à leur création, assurer aux citoyens l’accès à l’information tout en protégeant les éléments essentiels de leur vie privée est l’apanage des démocraties, qui disposent depuis longtemps de législations strictes dans ce domaine.
    L’Europe ne doit pas interdire la conservation des données, mais au contraire assurer leur protection et leur diffusion contrôlées. Elle doit garantir aux citoyens que les ressources techniques, financières et humaines nécessaires, incluant la présence de professionnels qualifiés, soient allouées à la gestion adéquate de ces données.
    Afin d’éviter une décision irréparable, nous demandons à la Commission européenne de suspendre l’adoption de ce règlement et d’approfondir le débat.

    Cordialement,
    [Votre nom]

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